Cynotechnique : La mortalité périnatale dans l’espèce canine

La mortalité périnatale dans l’espèce canine

Dr. Vét. Samuel BUFF-CERREC

Centre d’Étude et de Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores
ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE DE LYON1, Avenue Bourgelat – BP 83 69280 Marcy l’Étoile – France
Tél : (33 /0) 4-78-87-25-35 – Fax : (33 /0) 4-78-87-67-88

 

Sommaire : 

I. Interruption de la gestation

  A. Importance
 B. Étiologie
   1. Virus  
   2. Bactéries  
 C. Conduite à tenir  
   1. La chienne gestante  
   2. La chienne qui a avorté 

II. La mise bas 
  A. Les signes du terme 
   1. Signes comportementaux 
   2. Signes physiques 
   3. Dosage de la progestéronémie 
 B. La naissance du chiot  
   1. Le chiot coincé  
   2. L’absence de contractions  
   3. Les dangers de l’ocytocine 

III. La pathologie du chiot
  A. L’immaturité du nouveau-né
   1. Oxygéner
   2. Réchauffer
   3. Réhydrater
   4. Nourrir
  B. Les malformations congénitales
 C. Les pathologies liées à la mère
   1. L’état de santé de la mère
   2. L’alimentation de la femelle gestante
   3. Les infections bactériennes
  D. Les pathologies de collectivité
   1. Herpes virus
   2. Maladie de Carré, Hépatite de Rubarth 
   3. Gastro-entérites multifactorielles

IV. Quelques aspects pratiques
  A. Conception de la maternité
   1. Le nid de mise bas
   2. La maîtrise de l’ambiance
   3. Le matériel annexe, la pharmacie
   4. Les mesures sanitaires et médicales
 B. Analyses et autopsie
   1. Une nécessité
   2. Des délais brefs
   3. Ne pas oublier la mère

Conclusion 

 

Le décès de chiots nouveau-nés constitue toujours une amère déception pour l’éleveur, et l’on estime à environ 30 % la mortalité des chiots entre la naissance et la 7e semaine, avec 10 à 12 % de mortinatalité, 13 à 15 % de mortalité dans les 15 premiers jours et 7 à 10 % entre le 15e jour et la 7e semaine.
Ces statistiques, confrontées au prix d’un chiot, font de la pathologie néonatale une préoccupation majeure des éleveurs et des cynophiles ; il s’agit cependant d’un aspect de la pathologie canine qui a été souvent délaissée comparativement à l’étude des maladies infectieuses du chien après sevrage.
La pathologie périnatale, qui prend généralement un aspect épizootique même si la composante contagieuse n’est pas systématique, regroupe des affections liées à l’immaturité physiologique du chiot, à des anomalies génétiques, à une incidence maternelle et / ou de l’environnement.

I. Interruption de la gestation

Les avortements observés chez la chienne font encore l’objet d’études peu nombreuses, probablement parce que leur intérêt économique a longtemps été considéré comme limité, sauf lorsqu’ils évoluent sous forme enzootique en élevage.

A. Importance
Il est difficile de préciser leur fréquence (3 à 13 % des gestations selon les auteurs), d’autant que certaines particularités physiologiques ou comportementales de la chienne masquent parfois leur mise en évidence. 
Les avortements ne sont généralement observables que dans le dernier tiers de la gestation : les manifestations cliniques anormales peuvent faire défaut chez la chienne en cas de mort précoce de l’embryon. Par contre, au stade fœtal, la mort d’un ou de plusieurs produits peut s’accompagner de signes généraux plus ou moins accentués et de signes locaux : écoulement vaginal hémorragique ou purulent ; les fœtus avortés peuvent être auto lysés, momifiés ou sans lésions spécifiques.

B. Étiologie
A l’exception des traumatismes violents (coups de pied dans l’abdomen, bagarres dans les meutes de chiens) qui peuvent être à l’origine d’avortements chez la chienne, les facteurs infectieux (virus, bactéries ou parasites) sont responsables de la majorité des interruptions de gestation et revêtent une importance particulière en raison des risques épidémiologiques.

1. Virus
Les avortements dus à des virus sont mal connus, mais il est fortement probable que les infections virales agissent fréquemment en prédisposant aux affections bactériennes ou en synergie avec elles. 
L’herpes virus est certainement l’agent responsable de troubles de la reproduction le mieux connu en élevage canin, mais il est plus souvent responsable de mortalité néonatale que d’avortements. 
Le virus de la maladie de Carré peut provoquer des avortements, mais la vaccination des reproducteurs a rendu très rare une telle manifestation clinique ; il en va de même des adénovirus (hépatite de Rubarth). 
Par contre, le parvovirus n’est pas responsable d’avortements directs chez la chienne, bien que des cas de chiennes cliniquement très atteintes et ayant secondairement avorté aient pu être signalées.

2. Bactéries
Les bactéries responsables sont le plus souvent non spécifiques. Elles peuvent provenir de l’alimentation (salmonelles), ou du développement pathologique de bactéries existant normalement à l’état saprophyte dans les voies génitales femelles (E.coli, S.hemolityca, Mycoplasma, …). 
La contamination brucellique à Brucella abortus se fait essentiellement par ingestion de délivres de bovins : on peut observer un délai de 2 ans entre la contamination et l’avortement. Celui-ci se produit vers le 50e jour de gestation, sans signe précurseur, et est suivi de pertes prolongées séro-purulentes brunes ou gris vertes. Les fœtus présentent souvent de l’œdème et des hémorragies cutanées. 
La brucellose à Brucella canis est pour le moment la seule infection bactérienne abortive spécifique de l’espèce canine. Très répandue aux USA et en Amérique Latine, elle a été isolée récemment en France par le CERREC. En dehors de la voie sexuelle, la contamination se fait par voie oro-nasale ou par les écoulements vulvaires observés lors d’avortements. L’infection est définitive (la mise en place d’une thérapeutique efficace demeure illusoire). L’avortement suit le même déroulement lors d’infection à B. abortus. Il se produit entre le 30e et le 50e jour de gestation et est suivi de pertes vaginales très infectieuses pouvant persister pendant 6 semaines. Il n’est pas rare d’observer de nouveaux avortements lors de gestations ultérieures.

C. Conduite à tenir

1. La chienne gestante
Les précautions à prendre au cours de la gestation tombent sous le coup du bon sens. 
Dans le deuxième mois, si la chienne ne doit pas être « mise dans du coton  » pour ne pas la stresser, il conviendra néanmoins de restreindre son activité physique : plus de courses, de chasse ou d’agility ; on limitera également les déplacements et les expositions ; enfin, les chiennes gestantes seront séparées de leurs congénères durant les deux dernières semaines afin de limiter au mieux chahuts et bagarres.
Les traitements médicaux chez une femelle gestante ne sont pas toujours inoffensifs. Un certain nombre de médicaments sont connus pour induire des avortements, volontaires ou non. On a également mis en évidence le danger des corticoïdes (naissance de chiots anasarques présentant des œdèmes sous-cutanés), ainsi que de certains antibiotiques (chloramphénicol, tétracyclines, amphotéricine, …), ou d’autres médicaments tératogènes. D’une façon générale, la prudence veut que l’on s’abstienne de tout traitement non indispensable à la santé immédiate de la chienne gestante. 
A l’opposé, la transmission des vers ronds étant possible par voie trans-placentaire au cours de la gestation, il en important que la future mère soit parfaitement déparasitée : on conseille classiquement de la vermifuger au début des chaleurs, mais il faudra également renouveler le traitement environ 10 à 20 jours avant la fin de la gestation, afin que la contamination des chiots lors de l’accouchement soit minimale. 
On veillera également à respecter les normes de la diététique canine et en particulier à éviter les surdosages en vitamine A ou D : une hypervitaminose D peut être à l’origine de calcinose généralisée, avec précipitation de cristaux de calcium dans l’organisme des futurs chiots ; l’excès de vitamine A induit généralement une momification fœtale, des malformations du système nerveux ainsi qu’une calcinose tissulaire ou cardiaque.
Enfin, la chienne gestante devra également être prémunie des différents germes infectieux tels que le virus de la maladie de Carré, l’herpes virus et le parvovirus, certaines bactéries (Brucella en particulier) ou des agents parasitaires (toxoplasmes), par l’intermédiaire des vaccinations et d’une gestion satisfaisante des risques de contamination.

2. La chienne qui a avorté
L’intervention immédiate sur la chienne qui vient d’avorter est fondamentale dans la maîtrise des avortements.
a) Isolement de la chienne
Lors d’avortement infectieux, et souvent pendant plusieurs semaines, les pertes vaginales sont très riches en agent causal, donc très contaminantes pour les autres chiens de l’élevage.
Il convient donc d’isoler la chienne qui vient d’avorter, et de respecter des précautions évidentes dans la gestion quotidienne de l’élevage : changer de vêtement et surtout de chaussures lorsqu’on pénètre dans le local d’isolement, utilisation de surbottes. Lors du nettoyage des locaux, il est indispensable de respecter le principe de la  » marche en avant « , c’est-à-dire systématiquement terminer par le local d’isolement. Ces précautions strictes devront être maintenues jusqu’à l’identification de l’agent causal.
b) Examens complémentaires
Il convient de faire réaliser par un vétérinaire un examen clinique minutieux de la chienne qui vient d’avorter, de façon à déceler une pathologie générale dont l’avortement pourrait être l’une des conséquences cliniques. Le vétérinaire réalisera également un examen gynécologique approfondi : l’examen de la muqueuse vulvaire permettra, par exemple, de se rendre compte de l’aspect des pertes ou de la présence de lésions particulières (le port de gants est recommandé lors de cet examen de façon à se protéger contre une éventuelle zoonose). Les frottis vaginaux permettront de déceler une inflammation de type vaginite ou métrite ; une prise de sang sur tube sec sera également réalisée en vue d’une sérologie (herpes, brucellose). 
Il est également utile de réaliser une palpation soignée, ou de préférence, un examen échographique ou radiographique afin de déceler s’il reste d’autres fœtus dans l’abdomen, ou si une métropathie est en voie de développement.
c) Autopsie des avortons
Lorsqu’il est possible de les retrouver, les fœtus avortés et leurs annexes seront examinés le plus rapidement possible : les phénomènes d’altération qui s’instaurent immédiatement masquent souvent des lésions subtiles normalement observées au moment précis de l’avortement et détruisent la plupart des micro-organismes. Même dans les meilleures conditions, le laboratoire ne pourra confirmer le diagnostic sur les seuls avortons que dans 25 à 35 % des cas.

 

II. La mise bas

Ainsi que de nombreux éleveurs en ont malheureusement fait l’expérience, la mise bas constitue une étape cruciale pour la survie du chiot : la mortalité est toujours importante (10 à 12 % des chiots), et les risques de complications souvent fréquents.
Pour l’éleveur, il s’agit donc d’un moment essentiel, à ne rater sous aucun prétexte, afin de pouvoir assister la mère en cas de besoin. Cependant, à moins d’être en permanence aux cotés de la chienne, il est bien difficile de prévoir quand doit débuter la surveillance attentive.

A. Les signes du terme
Si l’on prend comme repère le jour de la saillie, la durée de la gestation varie de 57 à 70 jours, alors que si l’on se réfère au jour de fécondation (48 heures après l’ovulation), la gestation a une durée quasi-constante de 59 à 61 jours : la réalisation d’un suivi de chaleurs attentif (dosage de progestérone) permet donc une meilleure appréciation de l’approche du terme. La fin de la gestation se traduit également par des modifications hormonales, ainsi que des signes physiques et comportementaux qu’il convient de connaître pour mieux les déceler et les interpréter.

1. Signes comportementaux
A l’approche de la mise bas, la chienne devient souvent nerveuse et agitée : elle halète, paraît anxieuse, s’isole ou au contraire ne quitte plus son maître et cherche par-fois à confectionner un nid en grattant le sol.
Même si ces modifications comportementales dues aux contractions utérines croissantes sont des signes qui ne trompent pas le propriétaire averti, leur intensité et leur durée variables d’une chienne à l’autre ne permettent pas de prévoir avec une précision suffisante le début du travail.

2. Signes physiques
La montée de lait, le relâchement et la tuméfaction de la vulve, l’écoulement de la glaire cervicale et la chute de la température rectale ne constituent malheureusement pas de bons marqueurs de l’imminence de la mise bas : ce sont des indices parfois trop précoces, sinon souvent fugaces ou inconstants.
A l’inverse, l’apparition de pertes de couleur verdâtre au niveau des lèvres vulvaires signe le décollement du placenta et se produit de quelques minutes à quelques heures avant la naissance du premier chiot (le pigment vert, ou utéroverdine, étant dû à la dégradation de l’hémoglobine au niveau du placenta).

3. Dosage de la progestéronémie
Au terme de la gestation, la chute du taux sanguin de progestérone, en concomitance avec une augmentation des œstrogènes, induit une augmentation du taux de récepteurs à l’ocytocine au niveau du myomètre : cela permet ainsi à l’utérus de se contracter pour l’expulsion des chiots.
Le dosage du taux sanguin de progestérone est actuellement le moyen le plus fiable et le plus précis pour détecter la fin de la gestation chez la chienne :
· la progestérone atteint un niveau basal entre 14 et 34 heures avant la mise bas selon les chiennes ;
· si le taux mesuré est supérieur à cette valeur basale, on peut affirmer qu’il n’y au-ra pas de naissance avant au moins 14 heures, et l’on peut encore augmenter ce délai si la progestérone est nettement plus élevée.
Le dosage du taux sanguin de progestérone est donc indispensable lorsque l’on en-visage de faire une césarienne : il est en effet impératif de ne pas intervenir trop tôt pour que les chiots soient viables (une prématurité, même légère, entraînant chez le chiot un déficit respiratoire souvent fatal). Dans les races pour lesquelles la césarienne est souvent de règle, voire quasi-systématique (Bulldog anglais ou Bouledogue français, par exemple), on a ainsi constaté qu’un bon suivi de la chute du taux de progestérone augmente considérablement les chances de survie des chiots.

B. La naissance du chiot 
La durée de la mise bas est extrêmement variable d’une chienne à l’autre et dépend de multiples facteurs, comme le nombre et la taille des chiots, la race de la chienne, son état de santé, et le fait qu’elle ait déjà porté ou non. De façon générale, la mise bas dure de 4 à 8 heures, avec des extrêmes pouvant atteindre 24 à 36 heures pour une chienne primipare.
La durée de l’expulsion d’un chiot est également variable, de quelques minutes à une heure et demie, le passage du premier nouveau-né étant souvent plus long que les suivants. Le délai moyen entre l’expulsion successive de deux chiots est de 20 à 30 minutes. Cette phase de repos ne doit pas excéder 3 ou 4 heures. Les délais d’un accouchement normal sont donc extrêmement variables. Retenons toutefois que lorsqu’un délai de plus de 2 heures sépare la naissance de deux chiots successifs, il est préférable de demander sans plus tarder un avis médical.

1. Le chiot coincé 
L’une des premières complications de la mise bas pouvant entraîner une mortalité importante est l’obstruction, au niveau du vestibule (partie postérieure du vagin) ou de la vulve. Celle-ci peut être due à la taille trop importante du nouveau-né (tête trop globuleuse des races à  » face plate « , présence d’une portée peu nombreuse avec un ou deux chiots), à une vulve  » barrée  » ou insuffisamment dilatée de la mère, ou bien à une malformation du bassin (séquelle de fracture, rétrécissement, …). Elle peut enfin être liée à l’existence d’une malposition.
Le diagnostic de l’obstruction devra être posé rapidement : en effet, les contractions utérines réitérées ont pour conséquence le  » décollement  » progressif des placentas des chiots restants qui sont alors moins bien oxygénés et commencent à s’affaiblir ; si l’on tarde à intervenir, ils risquent de naître trop faibles pour pouvoir survivre, sinon leur développement sera compromis.
Lorsque l’engagement du chiot dans la filière pelvienne est déjà bien avancé, il de-vient alors urgent de le sortir (il est généralement trop tard pour attendre le vétérinaire) : les tractions seront alors exercées vers le bas et vers l’arrière, la chienne devant être maintenue debout. Dans 60 % des cas, le chiot naît en présentation antérieure, c’est-à-dire la tête la première : les membres sont alors allongés de part et d’autre de la tête qui servira de point d’appui pour les tractions. Lorsqu’il s’agit d’une présentation postérieure (40 % des cas), les membres seront préférentiellement saisis au niveau de la corde du jarret. Les tractions ne seront bien évidemment exercées que lorsque la chienne entame de nouvelles contractions. 
Ces manœuvres obstétricales doivent être effectuées avec l’hygiène la plus stricte afin de ne pas augmenter les risques de métrite post-partum, menace toujours pré-sente lors d’une mise bas longue et difficile : le port de gants stériles, ainsi que le nettoyage et la désinfection de la région vulvaire sont plus que conseillés. La solution idéale serait de tondre la région de la vulve et de la nettoyer avec un savon gynécologique avant toute mise bas, ce qui limiterait également les risques d’infection de l’appareil génital de la chienne en lactation.
Si ces manœuvres échouent, l’unique solution est le recours à la chirurgie, car la vie des chiots est rapidement menacée. Si l’obstruction se situe au niveau vaginal, le vétérinaire optera pour une épisiotomie sous anesthésie locale, c’est-à-dire une incision du périnée dorsalement à la commissure vulvaire (cette intervention est très bien supportée par la mère et sans conséquence sur son avenir reproducteur). Si l’obstruction se situe plus haut, seule une césarienne pourra sauver la vie des chiots.

2. L’absence de contractions 
Certaines chiennes sont prédisposées à une atonie du myomètre : les chiennes de petit format (Yorkshire, Caniche nain, Petits lévriers) et certaines races de grand format (Mastiff, Montagne des Pyrénées, Dogue allemand), les  » vieilles  » primipares (première mise bas après l’âge de 5 à 6 ans), ou encore les chiennes obèses, ou nerveuses, ont des contractions utérines insuffisantes pour l’expulsion des chiots, alors que ceux-ci sont de taille normale et les voies génitales normalement dilatées. 
On parle alors d’inertie utérine primaire : les premières contractions sont faibles et diminuent progressivement, l’expulsion d’un ou deux chiots peut avoir lieu au dé-but d’une mise bas en apparence normale. Le même problème peut être observé, sans prédisposition de race, dès lors qu’il existe un très grand nombre de fœtus : l’utérus s’épuise après la naissance de la moitié ou des deux tiers de la portée.
Du point de vue symptomatologique, l’inertie utérine secondaire représente une situation assez proche de l’inertie primaire : du fait d’une obstruction, la chienne a d’abord présenté de fortes contractions, douloureuses et improductives, puis a cessé de pousser …

3. Les dangers de l’ocytocine
De nombreux médicaments à visée obstétricale sont souvent utilisés par les éleveurs, au premier rang desquels la fameuse ocytocine. Malheureusement, nombreux sont les éleveurs qui en possèdent dans leur pharmacie avant une mise bas ( » au cas où des difficultés surviennent « ), et qui ne prennent pas toujours l’initiative de l’utiliser de la bonne façon : les conséquences sont parfois très graves.
a) La chienne doit être à terme
L’ocytocine est une hormone secrétée par la post-hypophyse au moment de la mise bas, et qui déclenche les contractions utérines dès lors que le taux de progestérone est descendu à son niveau basal. Tant que le taux de progestérone est supérieur à ce niveau, l’ocytocine ne dispose pas d’un nombre suffisant de récepteurs au niveau du muscle utérin. En d’autres termes, contrairement à une idée parfois reçue, l’ocytocine est inefficace pour déclencher des contractions de l’utérus si la chienne n’est pas à terme. De plus, cette hormone puissante ne possède aucune action sur l’ouverture du col de l’utérus : il est donc dangereux de l’administrer en injections pour déclencher le travail sans avoir vérifié auparavant que le passage des fœtus est possible.
Si l’éleveur tente de déclencher l’accouchement avec de l’ocytocine alors que le col n’est pas complètement ouvert, même si la chienne est pratiquement à terme, l’utérus va se contracter, les placentas des chiots, nécessaires à leur oxygénation, vont commencer à se décoller, mais aucune naissance ne sera possible : l’injection d’ocytocine provoquera alors l’asphyxie de tous les fœtus. L’examen gynécologique chez la chienne ne permettant pas la visualisation du col utérin, hormis le cas de chiennes de grand format chez lesquelles un examen endoscopique est envisageable, il est conseillé de ne jamais administrer d’ocytocine à une chienne tant qu’un premier chiot n’est pas déjà né, ou au moins engagé dans le bassin.
b) Ne pas augmenter les doses
L’utérus se contractant toujours sous l’action de très faibles doses d’ocytocine, il sera inutile d’utiliser de fortes doses de cette substance pour obtenir des effets lors de l’accouchement : l’administration de 2 à 4 unités par chienne, quelque que soit la taille, toutes les 20 à 30 minutes nous semble très largement suffisant. Toutefois, il ne faudra pas dépasser un maximum de 3 à 4 injections sur l’ensemble de la mise bas ; lorsque l’on n’obtient pas la naissance d’un chiot après 1 ou 2 injections d’ocytocine, il est également conseillé d’attendre au moins une heure avant de renouveler les injections. 
Si l’ocytocine est utilisée à trop fortes doses, ou à intervalles trop rapprochés, l’ensemble des récepteurs à ocytocine sera saturé : l’utérus ainsi désensibilisé ne sera plus capable de se contracter suffisamment pour permettre l’expulsion des chiots. Ainsi, il est inutile, voire dangereux, d’utiliser de l’ocytocine sur une chienne qui accouche normalement. Malheureusement, certains éleveurs utilisent des injections d’ocytocine sur des chiennes qui accouchent lentement mais dans d’excellentes conditions, croyant ainsi pouvoir accélérer la procédure, et provoquent une inertie utérine secondaire les obligeant à faire pratiquer une césarienne. Enfin, l’administration de doses excessives d’ocytocine peut entraîner des ruptures de l’utérus lorsqu’il existe une obstruction trop importante.


III. La pathologie du chiot

Par rapport aux autres espèces, le chiot souffre à la naissance d’une immaturité physiologique qui le rend particulièrement vulnérable à son environnement et aux agents infectieux ou parasitaires. 
En particulier, le chiot est incapable d’assurer sa régulation thermique, son homéostasie hydrique et sa glycémique ; l’ouverture des yeux (10 jours) et des oreilles (13 à 15 jours) sont tardives, le contrôle des mictions et de la défécation n’est effectif qu’à partir du 20e jour. Dans la période néonatale, le chiot dépend donc très étroitement de sa mère pour sa protection, son soutien, sa nutrition.
Sans oublier que la pédiatrie canine commence avec la gestation de la mère, on se souviendra que l’état de santé du chiot dépendra toujours de plusieurs facteurs, et en particulier de ses deux parents (pool génétique), de sa mère (alimentation en cours de gestation et de lactation), de l’hygiène (exposition du nouveau-né à différents toxiques ou à des germes). Ici, comme ailleurs, il conviendra cependant de re-placer d’abord le chiot dans les meilleures conditions d’ambiance possibles, tant il est vrai que la prévention est plus facile à mettre en œuvre que les traitements.

A. L’immaturité du nouveau-né
Les soins immédiats aux chiots nouveau-nés peuvent se résumer par : oxygéner, ré-chauffer, réhydrater, nourrir.

1. Oxygéner
A cet égard, le chiot est totalement immature, et la première respiration du nouveau-né joue un rôle essentiel. Si, lors de la mise bas, la présentation se fait en position postérieure, la première respiration peut être réalisée avant l’expulsion complète, d’où le risque d’introduction de liquides dans les poumons. Le risque est le même dans le cas d’un placenta évacué trop précocement ou de l’utilisation abusive d’ocytocine.
Il arrive parfois que la chienne inexpérimentée, souvent effrayée, ne s’occupe pas du chiot qu’elle vient d’expulser. Si la poche amniotique n’est pas déjà déchirée, il convient de la rompre soi-même dans les plus brefs délais (2 minutes au maximum) pour éviter que le chiot instaurant sa respiration ne se noie. Il faudra ensuite prendre le chiot, la tête en bas et la gueule ouverte ; de légers mouvements de balancier permettront alors d’expulser les fluides qui pourraient encombrer les voies respiratoires (les narines peuvent également être dégagées à l’aide d’une poire à lavement). L’utilisation d’analeptiques respiratoires (Dopram®) pourra être envisagée si ces manœuvres demeurent sans effet : quelques gouttes seront instillées dans les narines ou sous la langue, mais l’on veillera toujours à ce que les voies aériennes soient parfaitement dégagées sinon le chiot risquerait de finir de se noyer.
On essaiera également de calmer la mère et de la contraindre à rester dans la caisse de mise bas jusqu’à l’expulsion du placenta. Une fois le placenta éjecté, si la mère reste inactive, il faudra ligaturer le cordon ombilical à l’aide d’un fil de coton désinfecté à l’alcool, à 1 ou 2 cm de la paroi ventrale du chiot, puis sectionner le cordon à 1 cm de la ligature. Lorsqu’on ne dispose pas de fil, une forte pression du cordon ombilical entre pouce et index pendant 1 à 2 minutes après sa section suffit le plus souvent à arrêter l’écoulement sanguin. Le moignon sera ensuite tamponné avec une compresse imbibée d’un antiseptique.

2. Réchauffer
Si la chienne demeure trop troublée pour agir, l’éleveur devra se substituer au léchage stimulant de la mère en frictionnant avec une serviette le thorax du chiot.
N’étant pas capables eux-mêmes de réguler leur température corporelle, les chiots sont en effet très sensibles au froid : l’hypothermie néo-natale est aggravée par une absence totale du réflexe de frisson jusqu’à 6 jours et par la faible teneur en graisse du tissu hypodermique. Bien que la prédisposition au refroidissement soit atténuée lorsqu’il y a de nombreux chiots dans la portée (ils se réchauffent mutuellement en se serrant les uns contre les autres), les chiots sont directement dépendants de la température extérieure pendant les quinze premiers jours. 
La température corporelle normale du chiot à la naissance est de 35,5°C, 36,5°C à une semaine et 38°C à la troisième semaine. Si cette température s’abaisse à 35°C, le chiot ne peut plus téter seul (perte du réflexe de succion), et l’on observe une augmentation de la fréquence respiratoire avec vocalisation aiguë expiratoire ainsi qu’une diminution de la fréquence cardiaque. Malgré ses cris, le chiot est systématiquement rejeté par sa mère en deçà de 34°C. A 22°C, le chiot est amorphe, mais la situation est encore réversible.
Il est généralement facile d’éviter l’hypothermie des chiots en étant vigilant sur la température ambiante de la maternité. A la naissance, la température du nid de mise bas devra être de 31°C, pour baisser ensuite régulièrement jusqu’à 22°C à la troisième semaine. 
Si l’on constate dans une portée le refroidissement d’un ou plusieurs sujets, il faudra effectuer un réchauffement très progressif sur 1 à 3 heures, à l’aide de bouillottes ou de couvertures chauffantes). Un réchauffement trop rapide entraîne une vasodilatation périphérique et augmenterait les besoins sanguins en oxygène, avec surmenage cardiaque et pulmonaire souvent fatal. Une couveuse peut être utilisée, à condition qu’une humidité de 55 à 65 % soit maintenue.

3. Réhydrater
Comme il est sensible au froid le nouveau-né est sensible à la déshydratation ; c’est d’ailleurs la cause la plus fréquente de perte de poids. 
Plusieurs facteurs expliquent cette prédisposition naturelle du chiot à la déshydratation. Tout d’abord, l’eau constitue 82 % du poids du chiot nouveau-né. La surface cutanée est ensuite particulièrement importante : la peau représente 25 % du poids du chiot nouveau-né, et comporte une couche kératinisée quasi inexistante à la naissance, et qui ne sera définitivement fonctionnelle qu’entre 20 et 30 jours. Le système rénal du jeune chiot est enfin totalement immature : la récupération de l’eau filtrée au niveau du rein ne représente que 20 à 50 % de celle d’un rein adulte, et même si cet inconvénient est partiellement compensé par des besoins protéiques de croissance très élevés qui laissent peu de déchets à éliminer, cela reste très nettement in-suffisant pour une bonne régulation du métabolisme de l’eau.
L’hygrométrie idéale d’une maternité se situe vers 55 à 65 %. En deçà de 35 %, les risques de pertes hydriques pulmonaires sont importants. Une hygrométrie de 80 à 90 % n’est conseillée que lorsqu’il y a un début de déshydratation. Au-delà, les multiplications de germes infectieux sont facilitées.
Pour des chiots malades qu’il faut réchauffer, on préfèrera des bouillottes à une lampe à infrarouges qui a l’inconvénient de dessécher l’atmosphère ambiante. En fonctionnement normal, la lampe à infrarouges convient parfaitement à condition de contrôler l’hygrométrie (une grosse éponge imbibée d’eau peut faire l’affaire).
Les besoins quotidiens en eau sont de 1 à 2 ml /100 g. Un chiot déshydraté cesse de se nourrir, perd toute vitalité, puis se refroidit et est rejeté par la mère. Plus que la persistance du pli cutané, la perte de poids confirmera le diagnostic. Si le chiot perd plus de 10 % de son poids de naissance dans les premières 24 heures, il doit impérativement être réhydraté avec un biberon d’eau sucrée. Si l’équilibre n’est pas retrouvé, il faut allaiter artificiellement et administrer du sérum physiologique isotonique par voie sous-cutanée (1 ml /30 g de poids corporel).

4. Nourrir
Le chien adulte est un utilisateur important de graisses comme source d’énergie et peut résister de fait à un jeûne prolongé, jusqu’à 3 semaines, sans manifestation d’hypoglycémie. A l’inverse, le chiot nouveau-né, surtout âgé de moins de 5 jours et a fortiori chétif ou prématuré, ne dispose d’aucune réserve et son potentiel d’enzymes indispensables à la néoglucogenèse est insuffisant : privé de l’apport ombilical, il doit impérativement ajuster sa glycémie avec la nutrition intermittente qu’il reçoit.
Le lait de la mère constitue bien sûr le meilleur aliment du jeune chiot, encore faut-il que la production lactée soit suffisante et de bonne qualité (voir plus loin le  » Syndrome du lait toxique « ). Lors de portées nombreuses, si la chienne a peu de lait, en cas de stress ou sur des chiots orphelins, les risques d’hypoglycémie chez le chiot seront fréquents : hypothermie, faiblesse, impossibilité de téter, pleurs permanents, puis épuisement de l’animal et installation d’une bradycardie associée à une respiration irrégulière, des convulsions puis le coma. Lors d’hypoglycémie, la mise en place d’un traitement vétérinaire sera indispensable.
De même que la perte de poids ne doit pas dépasser 10 % le premier jour, on aura recours à l’allaitement artificiel si le chiot n’a toujours pas pris de poids le deuxième jour. On estime ainsi le gain de poids normal journalier chez le chiot à 2 g par kg de poids anticipé de l’adulte (ex. si l’adulte pèse 10 kg, le gain pondéral quotidien sera de 20 g pour le chiot).
a) L’intubation gastrique
Quand la mère présente une mammite ou que la lactation est insuffisante à assurer les besoins de toute la portée, il est nécessaire d’allaiter artificiellement les chiots. Pour l’éleveur, l’intubation gastrique est une technique rapide et facile à mettre en œuvre (l’utilisation du biberon est généralement trop contraignante en termes de durée des soins pour l’ensemble d’une portée ; 10 à 15 minutes par biberon contre 1 à 2 minute en moyenne par intubation) :
· il faut au préalable vérifier la longueur du tube pour que son extrémité parvienne dans l’estomac sans risque de perforation ; la seringue est remplie et l’air qui peut s’y trouver est expulsé ;
· le chiot est tenu horizontalement, la tête en extension dans le prolongement du corps (mais pas relevée), de manière à ce que le tube glisse dans l’œsophage ; l’introduction doit être faite doucement, sans forcer ; quelques gouttes de lait sur le tube peuvent servir de lubrifiant ; (attention, le lait doit être distribué tiède ~ 37/38°C) ;
· le contenu de la seringue est injecté dans l’estomac de façon progressive et sans brutalité ; une légère résistance signifie que l’estomac est plein ; à titre indicatif, le volume de l’estomac d’un chiot représente environ 5 % de son poids corporel (un chiot de 500 g pourra ingérer 25 ml de lait) ;
· l’opération sera renouvelée quatre fois par jour.
En cas de défaillance maternelle, l’éleveur devra également stimuler l’excrétion fécale en frottant la région anale avec un morceau de coton humidifie.
b) Importance du colostrum
Chez le chiot, le rôle protecteur des anticorps (les immunoglobulines) est encore plus important pendant les premières semaines : 95 % des immunoglobulines sont apportés par le colostrum. 
Les immunoglobulines maternelles échappent à la digestion du fait de l’immaturité relative des processus enzymatiques chez le chiot, mais aussi parce que le colostrum lui-même contient des inhibiteurs des enzymes digérant les protéines. Les immunoglobulines sont ainsi absorbées intactes par l’intestin grêle néonatal. Ce phénomène étant limité à quelques jours, voire quelques heures, il est souhaitable que le chiot ingère suffisamment de colostrum dans les premières 36 heures. 
Le colostrum semble également jouer un rôle important par l’apport de facteurs de croissance favorisant le développement et l’équipement enzymatique de la muqueuse intestinale dans les 5 premiers jours de vie. 
Lorsque la production maternelle fait défaut, il est possible d’administrer du colostrum congelé. On veillera alors à respecter des conditions d’hygiène rigoureuses : si la muqueuse de l’intestin grêle est perméable aux immunoglobulines, elle l’est également à de nombreuses molécules, voire des virus ou des bactéries.

B. Les malformations congénitales
Les anomalies structurelles ou fonctionnelles sont présentes chez 1 % des chiots nouveau-nés et sont responsables de 14 % de la mortalité néonatale ; leur nature génétique n’a pas toujours été mise en évidence. Dans la plupart des races canines, el-les peuvent affecter une seule fonction ou affecter différents organes.
Un grand nombre de ces anomalies sont immédiatement visibles et compatibles avec la survie au moins temporaire de l’animal, d’autres, au contraire, attendent des mois ou des années pour s’exprimer. Parmi les malformations qui peuvent entraîner la mort pendant la période néonatale, nous distinguerons : 
· la fissure palatine, accompagnée ou non d’un bec de lièvre, est l’anomalie la plus fréquente chez le chien ;
· l’hydrocéphalie est fréquente chez le Chihuahua, le Cocker, et le Bulldog ;
· les malformations du squelettes ; les malformations cardiaques ; la polykystose rénale, l’absence d’un ou des deux reins ;
· le mégaoesophage et la sténose pylorique ; l’imperforation de l’anus …
Dès que ces lésions sont diagnostiquées, l’euthanasie s’impose, à l’exception de la sténose pylorique ou de la fissure palatine, pour lesquelles une correction chirurgicale est envisageable.

C. Les pathologies liées à la mère
L’état de santé et la vitalité des chiots à la naissance et dans les premiers jours de la vie peuvent être compromis par le retentissement d’une mauvaise santé de la mère, des erreurs alimentaires ou l’administration de substances tératogènes, et la trans-mission par la mère de germes divers entraînant des affections bactériennes localisées ou parfois généralisées.

1. L’état de santé de la mère
L’age de la femelle mise à la reproduction a une influence directe sur les performances de la portée : c’est entre deux ou quatre ans que les meilleurs résultats sont obtenus, et il n’est pas toujours raisonnable de faire reproduire une lice au-delà de sept ans.
L’embonpoint de la mère retentit sur les difficultés de mise bas mais aussi sur la mortalité néo-natale (qui augmente) et la prolificité (qui diminue).
Les taux maternels d’hémoglobine et de protéinémie au moment du terme constituent de bons marqueurs des chances de survie des chiots : si la chienne paraît fatiguée en fin de gestation, il peut être utile de contrôler ces paramètres biochimiques ou hématologiques.

2. L’alimentation de la femelle gestante
Des erreurs alimentaires pendant la gestation sont susceptibles d’entraîner une mortalité néonatale. 
Comme nous l’avons déjà précisé, on veillera d’abord à éviter les surdosages en vitamine A ou D. Une insuffisance de lipides dans l’alimentation maternelle lors de la deuxième partie de la gestation peut également entraîner chez le chiot une diminution de la charge en glycogène hépatique à la naissance, avec augmentation de la mortalité dans les deux premiers jours de la vie (la bonne teneur en glycogène hépatique du chiot favorise l’homéothermie).
a) Syndrome du chiot nageur
Le syndrome du chiot nageur ( » Swiming Puppy Syndrom « ) est une anomalie du développement du chiot, observée plus fréquemment chez les races chondrodystrophiques à membres courts et à thorax large (Bulldog, Basset Hound, Pékinois …), caractérisée par un retard dans la mise en place du processus de la marche et des modifications morphologiques caractéristiques.
Alors que le chiot normal doit être capable de se tenir debout à 16 jours et d’assurer ses déplacements à 21 jours, on note la persistance d’une faiblesse et d’une léthargie, ainsi que de mouvements de reptation sur le sternum. Les membres antérieurs, rejetés sur les côtés avec rotation des articulations, sont incapables de soutenir le tronc ; les postérieurs sont rétractés sous le corps et parfois déviés avec luxation rotulienne. Le chiot semble effectivement nager et ses mouvements sont accompagnés de régurgitations de lait. On observe parallèlement un aplatissement dorso ventral du thorax, l’abdomen est souillé et irrité par l’urine, jusqu’à présenter des plaies ulcérées.
Plusieurs éléments semblent être à l’origine de ce syndrome. Des facteurs génétiques ont été mis en cause, mais la récupération possible dans plusieurs cas infirme cette hypothèse. Plus vraisemblablement, ces troubles sont liés à la combinaison d’un re-tard de mise en place du système nerveux (myélinisation insuffisante) observé lors-que la portée vit sur une surface lisse et glissante ne stimulant pas les extrémités, et d’un dysmétabolisme lié à une alimentation hyper protidique de la mère (régime  » tout viande « ).
b) Syndrome hémorragique
Il s’agit de la manifestation clinique d’un déficit en plaquettes sanguines, qui peut prendre en élevage une allure enzootique : en dehors d’un cordon coupé trop court, de l’action de toxines bactériennes, d’une maladie de Rubarth, ou d’une anoxie, la cause la plus probable reste l’existence d’une carence nutritionnelle en vitamine K des femelles gestantes.
A une phase relativement courte de léthargie et de dépérissement succèdent des ecchymoses sous cutanées et de nombreuses hémorragies diffuses : des traces de sang sont observées au niveau du nez, des lèvres ou dans les urines, chez des chiots âgés de un à quatre jours. 
Le traitement consiste à transfuser le chiot quand la taille le permet, et l’apport de vitamine K aux chiots comme à la femelle gestante (pendant les dix derniers jours de la gestation). Il faudra également prendre en considération les conditions de stockage de la nourriture distribuée : l’insuffisance en vitamine K est directement liée à l’existence de mauvaises conditions de conservation des aliments (date limite de consommation non respectée, chaleur excessive, oxydations).

3. Les infections bactériennes
Classiquement, on retrouve surtout des infections à streptocoques, staphylocoques et colibacilles. Les causes favorisantes de ces infections bactériennes non spécifiques sont : l’absence d’ingestion du colostrum, les infections maternelles (mammite, métrite, affections dentaires ou bucco-gingivales, pyodermite), ainsi que le microbisme ambiant (mauvaise hygiène des locaux, ventilation insuffisante, hygrométrie trop élevée). La contamination a lieu par contact direct, par le lait, mais aussi par l’intermédiaire du léchage par la mère (il est fréquent d’observer ces troubles en corrélation avec la persistance de tartre).
a) Affections localisées
L’omphalophlébite (infection ombilicale) apparaît dans les cinq premiers jours qui suivent la naissance. On observe un œdème au niveau de l’ombilic, un abdomen volumineux et dur. C’est le plus souvent un streptocoque qui est à l’origine du processus dont l’évolution systématique est la péritonite. Les antibiotiques administrés par voie intra-péritonéale représentent donc le traitement de choix, avec éventuellement la réalisation d’une intervention chirurgicale s’il y a un abcès.
La pyodermite néonatale apparaît vers l’âge de 5 à 10 jours : sur la peau des chiots, on observe des croûtes et des pustules localisées à la tête et au cou, qui peuvent par-fois provoquer un volumineux œdème de la face et un gonflement important des ganglions sous maxillaires. Cette dermite est souvent due à des éléments de placenta collés, séchés et sur infectés. Le traitement consiste essentiellement en un shampooing à la Bétadine® .
L’ophtalmie néonatale (conjonctivite purulence aiguë) précède généralement l’ouverture des paupières : les globes oculaires sont saillants sous la pression des exsudats et du pus. Le traitement consiste à ouvrir la fente palpébrale et à administrer des collyres antibiotiques.
b) Syndrome du lait toxique 
La présence de toxines dans le lait maternel entraîne, en particulier dans les 3 à 15 premiers jours après la mise bas, un syndrome caractérisé par des plaintes chez les chiots qui présentent un abdomen gonflé et un anus rouge violacé et œdémateux. Ces troubles correspondent à une incompatibilité au lait maternel, soit par sa composition (ce qui est particulièrement rare), soit par la présence dans celui-ci de toxines bactériennes ; une carence en zinc et une insuffisance d’apports protéiques dans l’alimentation de la mère ont été incriminées, mais sont loin de tout expliquer. Les germes rencontrés, E. coli, S. hemolytica, Staphylocoque, proviennent d’une mammite ou d’une infection utérine ou vaginale post partum ; le syndrome du lait toxique fait souvent suite à une mise bas laborieuse ou ayant nécessité des manœuvres obstétricales.
Le traitement consiste d’abord à séparer au plus tôt les chiots de leur mère et les allaiter artificiellement ; la mère recevra une antibiothérapie adaptée, et un traitement de vidange utérine sera éventuellement mis en place par le vétérinaire.
c) Septicémie néonatale
Il s’agit d’une affection suraiguë, caractérisée par une mortalité brutale des chiots dans le premier mois. Un premier cas apparaît dans une portée, et les autres suivent avec 12 à 24 heures de décalage : le chiot signale son inconfort par des cris, rapide-ment suivis de polypnée, puis de troubles nerveux précédant une mort rapide. A l’autopsie, on découvre généralement des lésions hémorragiques. Le diagnostic s’appuiera sur une identification du germe responsable à condition que le délai soit court après la mort des chiots.
Le traitement est souvent illusoire sur les premiers cas et consiste en une réanimation intensive et un nursing des chiots qui seront immédiatement séparés de la mère, ainsi que la mise en place d’une antibiothérapie adaptée. La prophylaxie est la seule thérapeutique réellement efficace : autant que faire se peut, l’éleveur devra veiller à l’absorption du colostrum et au contrôle des éventuelles affections maternelles. Parallèlement, tous les moyens de désinfection et d’assainissement les plus énergiques devront être mis en œuvre. 

D. Les pathologies de collectivité
Lorsque la concentration des chiens est importante ou que les installations sont mal adaptées, un certain nombre d’affections peuvent entraîner une morbidité ou une mortalité néonatale importante. Dans les cas les plus graves, cette pathologie peut entraîner la faillite de l’établissement.
Les germes non spécifiques dont nous avons vu les effets peuvent également réaliser une véritable endémie et développer un microbisme d’élevage important ; d’autres agents sont responsables d’une pathologie néonatale spécifique.

1. Herpes virus
Le virus de l’herpès est responsable d’avortements occasionnels, mais surtout de mortalité chez le chiot. Il est rencontré de plus en plus fréquemment en élevage, et il provoque des pertes économiques non négligeables. Selon les auteurs, 48 à 74 % des élevages souffrant de troubles de la reproduction présentent des sérologies positives.
a) Inapparente chez l’adulte
Les manifestations cliniques de l’herpès virose sont généralement très discrètes chez l’adulte. De petits nodules de 2 à 3 mm de diamètre sont observables sur la muqueuse du pénis et du vagin. Ces nodules sont le siège d’une multiplication active du virus ; les risques de contamination lors de la saillie sont importants. 
L’herpès présente également une affinité particulière pour les premières voies de l’appareil respiratoire, provoquant une rhino-pharyngite, ou intervenant parfois dans le développement secondaire d’une toux de chenil.
Cette infection génitale ou respiratoire se caractérise par un portage permanent. L’animal infecté ne présente plus de symptômes, mais continue à diffuser le virus, et peut ainsi contaminer les sujets d’un autre élevage.
b) Fulgurante chez le chiot
L’atteinte des fœtus pendant la gestation avec momification et avortement peut être observée, mais, en règle générale, l’herpès canin provoque de la mortalité sur les tout jeunes chiots, âgés de moins de 15 jours (5 à 9 jours surtout).
La contamination se fait lors de l’accouchement, par le nez, les yeux ou la bouche. Toutes les sécrétions sont très riches en virus (larmes, urines, selles, expectorations). L’incubation est courte (4 à 6 jours au plus). La chienne reste en bonne santé et pour-suit une lactation normale.
L’atteinte du chiot est de type septicémique, avec des symptômes assez évocateurs (anorexie, dépression et désintérêt pour la mère, selles molles gris jaunâtre plus ou moins liquides, plaintes douloureuses et continuelles, mouvement de pédalage, opisthotonos…) ou au contraire très frustres (mort subite). La plupart des chiots meurent en 24 à 48 heures ; certains en réchappent, devenant alors souvent porteurs chroniques.
c) Contrôle de l’infection herpétique
Il n’existe pas de traitement efficace de l’herpès virose ; l’infection devrait être considérée comme une infection à vie. Cependant, bien que l’éradication de l’herpès virose d’un élevage semble actuellement impossible, la prévention constitue une étape clé du problème. Il faudra d’abord prendre la précaution d’isoler une femelle qui aurait été introduite dans un élevage au cours de sa gestation : le stress que re-présente cette nouvelle arrivée pour les autres chiens de l’élevage suffit en effet à produire un  » réveil viral  » et une multiplication de l’herpes virus. 
Les contrôles sérologiques peuvent également conduire à des mesures simples : éviter d’utiliser un animal pour la reproduction lorsqu’il est positif ; éviter d’introduire dans l’élevage un individu positif. Malheureusement, la séropositivité d’un chien ou d’une chienne, même infectés, n’est généralement que de courte durée. C’est la raison pour laquelle, en l’état actuel, l’examen sérologique réalisé en dehors d’un contexte clinique n’a que peu d’intérêt. Le testage sérologique systématique des mâles avant saillie est peu utile. La sérologie permet avant tout d’apprécier la circulation du virus au sein de l’élevage : en d’autres termes, trouver un chien ou chienne séronégatifs ne signifie pas qu’ils ne soient pas infectés par l’herpès virus.
Différentes mesures préventives sont également utiles lors de contamination :
· réchauffer les chiots en les maintenant dans une ambiance de 31 à 33°C (la tempé-rature rectale doit être supérieure à 37°C afin de limiter la réplication virale qui est maximale entre 35 et 36°C ; on peut même placer les chiots pendant trois heures à une température de 37°C ) ;
· la sérothérapie peut éventuellement être envisagée avant l’apparition des symptômes ;
· des essais expérimentaux de traitements ont également eu lieu avec de l’Acyclovir® ou des adjuvants de l’immunité, sans qu’on puisse déterminer réellement leur efficacité.
Même si toutes ces mesures palliatives ne serviront dans un premier temps qu’à  » limiter les dégâts « , c’est-à-dire la mortalité des chiots, elles s’avèrent particulière-ment efficaces à long terme. En effet, si une femelle est contaminée lors d’une première gestation, elle pourra transmettre une quantité importante de virus à sa portée ; cette même chienne pourra néanmoins transmettre à ses portées ultérieures des anticorps protecteurs qui les rendront moins vulnérables : c’est sur ce principe qu’un nouveau vaccin devrait être commercialisé dans les prochains mois.

2. Maladie de Carré, Hépatite de Rubarth 
Le virus de Rubarth (CAV1) est connu depuis 1951 comme agent responsable de mortalité néonatale. Il peut entraîner une mort subite dont seul le laboratoire est susceptible de préciser l’étiologie (et encore, dans des conditions difficiles, puisque le virus doit être isolé après culture sur reins de chiens). Une forme plus lente, caractérisée par un dépérissement et l’installation d’un coma, a été décrite mais demeure particulièrement rare.
La forme congénitale de la maladie de Carré peut être observée lorsque l’infection d’une femelle a lieu pendant la gestation : s’il n’y a pas avortement, le chiot né infecté meurt en quelques heures dans un syndrome convulsif qui n’a rien de pathognoonique. Cette symptomatologie foudroyante diffère de celle que l’on observe sur des chiots sevrés et laisse à penser que l’importance de cette virose en pathologie néonatale est vraisemblablement sous-estimée.
Néanmoins, la vaccination systématique des reproducteurs avant la période de gestation limite considérablement l’incidence de ces affections dans les élevages sérieux, et l’on ne les observe plus que lorsque les mères sont complètement démunies d’anticorps ou que la production de colostrum est trop faible (rappelons à ce propos que le colostrum peut parfaitement se congeler en prévision justement de ce genre d’accident). 
Il convient cependant de rester prudent durant la  » période critique « , cette fameuse période pendant laquelle le taux d’anticorps d’origine maternelle chez le chiot est insuffisant pour le protéger du parvovirus, mais trop élevé pour que la vaccination puisse être opérante.

3. Gastro-entérites multifactorielles
Apparue en France en 1979 sous forme épizootique, la parvovirose a décimé nombre d’élevages canins avant que la vaccination ne permette d’endiguer ses ravages. Bien qu’elle frappe essentiellement les chiots pendant la période de sevrage (de 6 à 12 semaines) sous la forme d’une gastro-entérite hémorragique avec diarrhée, vomissements, léthargie et déshydratation intense, elle peut se traduire, chez le nouveau-né, par une infection généralisée d’évolution foudroyante. Aujourd’hui encore, la parvovirose reste fréquente en élevage canin : elle est due au grand pouvoir de résistance dans le milieu extérieur du parvovirus, ainsi à l’émergence de nouvelles souches, pour lesquelles l’efficacité des vaccins semble atténuée. 
La mortalité liée au parvovirus est également augmentée par la présence d’un parasitisme intestinal (ascaridiose, giardiose, coccidiose), ainsi que l’association des coronavirus et des rotavirus. Il devient alors difficile, voire impossible d’incriminer un agent spécifique. Même si la réalisation d’un traitement symptomatique permet de limiter la mortalité, il convient avant tout de repenser l’ensemble des installations et leur entretien : surpopulation, mauvaise hygiène, chaleur, froid, humidité, ventilation défectueuse sont systématiquement à l’origine de ces complications du microbisme d’élevage.

IV. Quelques aspects pratiques

A. Conception de la maternité
La maternité représente le noyau de production de tout élevage. A cet égard, elle doit faire l’objet de précautions et de surveillance particulières car elle héberge les chiens les plus fragiles. Elle doit donc être conçue en respectant plusieurs objectifs :
· l’isolement de la mère et de sa portée (une chienne qui accouche et qui est dérangée ou stressée peut avoir des problèmes) ;
· la protection des chiots avant qu’ils ne soient capables d’assurer par eux-mêmes leur homéostasie (régulation autonome de la température du corps, de son hydratation, de sa glycémie, de son immunité…), par une adaptation des paramètres d’ambiance à leur développement ;
· la surveillance régulière à distance du bon déroulement des événements à risques (mise bas, délivrance complète, tétée, pathologie des premières semaines…) ; l’éleveur devra être confortablement installé pour assister la mise bas dans le calme et sans précipitations excessive ( » l’art de l’accoucheur est de savoir attendre « ).
· enfin, l’adaptation des stimuli au développement sensoriel et exploratoire des chiots. 
La maternité permettra ainsi d’héberger pendant environ un mois une chienne et sa portée, tout en permettant à la mère de s’ébattre dans une courette adjacente. Une fois la période critique passée, les chiots pourront être transférés avec leur mère dans un local de post maternité (pré-sevrage) : en effet, au-delà de la 4e semaine, la mère ne nettoie plus aussi bien ses chiots, ceux-ci commencent à devenir autonomes et leurs ébats pourraient gêner les nouveau-nés d’autres chiennes.
Les zootechniciens ont pu établir des normes idéales dans les élevages canins : sans devenir des contraintes, elles doivent constituer un but à approcher par tout éleveur.

1. Le nid de mise bas
Le cœur de la maternité est constitué par le nid de mise bas, dans lequel les chiots sont maintenus jusqu’à leur autonomie. Ce nid sera adaptée à la taille de la chienne (à titre d’exemple, pour une chienne de 15 kg, il est conseillé d’utiliser une caisse de 1 m2) et visera à : 
· favoriser le regroupement de la portée (imprégnation, apprentissage, régulation thermique) ;
· permettre à la mère de s’extraire facilement entre les tétées et de s’étendre sans risquer d’écraser les chiots (en particulier, il pourra être muni de barres anti-écrasement pour les races de grand format) ;
· maintenir un gradient de température au sein duquel mère et chiots pourront trouver les conditions de confort qui conviennent (il ne devra surtout pas représenter un volume à chauffer trop important) ;
· être facilement lavable et désinfectable (il sera constituée d’un matériau non poreux, et l’on évitera le bois brut, non traité.

2. La maîtrise de l’ambiance
La conception et l’entretien de la maternité doivent permettre de parer rapidement aux risques les plus fréquents, comme l’hypothermie, la déshydratation et l’hypoglycémie, sans oublier les risques sanitaires.
La température de la maternité sera suffisamment élevée, de façon à protéger la thermorégulation du chiot ; au moment de la mise bas, l’idéal semble être 32 à 35°C au niveau des chiots (la chaleur ayant tendance à monter, la température devra toujours être mesurée au niveau des chiots), pour être ramené aux environs de 21°C la quatrième semaine. 
L’utilisation de lampes à infrarouges, disposées à 70 cm du sol, semble souvent apprécié. Il faudra cependant ménager une place en dehors du nid pour que la chienne, qui supporte mal une température toujours élevée, puisse aller se  » rafraîchir  » de temps en temps ; la lampe à infrarouge peut également être branchée sur un minuteur, qui ne l’allumera que par intermittence. Ces lampes desséchant l’atmosphère, il faudra penser à humidifier l’air ambiant (des casseroles d’eau dans la pièce seront souvent suffisantes). D’autres systèmes de chauffage peuvent être également utilisés : bouillottes (à changer souvent), tapis électriques chauffants (souvent chers et fragiles), radiateurs (dangereux si placés trop près des chiots).
Les murs de la maternité seront isolé à l’aide de panneaux contenant du polystyrène, de la laine de verre, ou de la mousse de polyuréthanne ; on pourra également utiliser des feuilles thermoréflectives (Trisoreflex®).
L’hygrométrie moyenne devra être comprise entre 55 et 65 % : en dessous de 45 %, le dessèchement est trop grand ; au-dessus de 80 %, on risque des pullulations microbiennes. La ventilation devra assurer un renouvellement suffisant de l’air et chasser les microbes et les odeurs. Une ventilation statique (entrée de l’air en bas des murs, perpendiculaire aux vents dominants, avec sortie de l’air en hauteur) suffit pour les petites unités. Dans les grands élevages, il faudra utiliser des extracteurs (ventilation dynamique). Une attention toute particulière sera néanmoins portée aux courants d’air (test de la bougie ou de la fumée).
Lorsque les chiots commencent à sortir du nid, la nature du sol devient importante. Celui-ci devra être facilement nettoyable et permettre aux chiots de ne pas glisser. Le béton lissé et nervuré, ou recouvert d’une résine en caoutchouc (comme cela ce fait en élevage porcin) est idéal, mais il ne faudra pas négliger le confort. Une légère pente (4 à 5 %) permettra d’éliminer facilement l’urine et d’éviter que les chiots soient mouillés en permanence.
Une litière devra être rajoutée sur le sol ; le carrelage nu est à déconseiller car il est froid et glissant. La paille et la sciure de bois peuvent véhiculer les parasites et favorisent la pullulation microbienne : ils sont donc à éviter. Le papier journal constitue un excellent isolant, à condition d’être changé souvent. Les lames de bois que l’on trouve dans les cageots à légumes, peuvent faire l’affaire, ainsi que des couvertures lavables.

3. Le matériel annexe, la pharmacie
En plus de l’aire de maternité proprement dite, tout un matériel annexe devra exister dans la nursery. Ainsi, il sera utile d’avoir un lit, un lavabo, ainsi qu’une table de soins pour les chiots (type table à langer).
La pharmacie de la maternité sera équipée de matériel et de produits choisis en accord avec le vétérinaire. La  » trousse de mise bas  » comprendra généralement un laxatif ou un purgatif que l’on peut administrer à la mère en prepartum en cas de constipation, un lubrifiant (Vaseline®), un antiseptique (Vétédine® solution), une poire à lavement, un stimulant respiratoire, des serviettes en coton… Elle peut être complétée du petit matériel et des médicaments que le vétérinaire de l’élevage pourrait souhaiter trouver sur place (pinces clamp, paires de ciseaux, compresses et gants stériles, seringues, aiguilles, perfuseurs, solutés divers, antibiotiques, … ). 
Tout le matériel destiné à être utilisés avant, pendant et après la mise bas, rangé en un même lieu et de ce fait facilement accessibles, sera maintenu en état de parfaite propreté, et son usage exclusivement réservé au local de maternité au sein de l’élevage.

4. Les mesures sanitaires et médicales
Plusieurs grands principes d’hygiène doivent absolument être respectés en élevage canin afin d’éviter au maximum la survenue de pathologies de groupe. Les principaux sont l’isolement de l’élevage par la mise en place d’une quarantaine et la stricte réglementation des entrées des visiteurs, l’organisation du travail selon la marche en avant, le nettoyage et la désinfection régulière. 
Pour la maternité, comme ailleurs, il s’agit donc de respecter un minimum de règles d’hygiène, dans la mesure où un petit relâchement ou de légères erreurs faites sans y réfléchir peuvent compromettre la santé de tous les chiots. On voit en effet trop souvent des éleveurs qui croient bien faire et qui on des problèmes qui peuvent être facilement résolus. Ainsi, par exemple, il ne faudra pas oublier que la plupart des désinfectants sont inefficaces lorsque les locaux sont sales et qu’il reste des débris organiques au sol (il ne faut donc pas confondre nettoyage et désinfection). 
Les premiers outils indispensables seront des brosses, des seaux, parfois un « Karcher », … et dans tous les cas, de l’huile de coude. Le nettoyage devra respecter le principe de la marche en avant, c’est-à-dire qu’il faudra toujours commencer par les zones les plus sensibles et devant être les moins souillées par le reste de l’élevage, et ne jamais revenir en arrière. L’ordre idéal sera le ramassage de la litière, le lavage et le rinçage des box, accompagné d’un brossage énergique et d’un raclage, tout en préservant les chiots d’un excès d’humidité.

B. Analyses et autopsie
Quand la mortalité néonatale prend des proportions importantes, des analyses et autopsies sont à pratiquer. 
Le vétérinaire, consulté en urgence pour ce type de problème, tentera d’aider l’éleveur à sauver les chiots malades, à l’aide de traitements spécifiques. Il pourra tout d’abord observer les chiots et tenter de déterminer si des symptômes évocateurs sont présents. Hélas, il faut bien le reconnaître, très souvent les symptômes présentés par les chiots avant de mourir sont très frustes et ne permettent pas d’établir un diagnostic. 

1. Une nécessité
L’autopsie du ou des chiots morts est souvent la meilleure chose à faire. Elle permet parfois de se rendre compte dès l’ouverture du corps du chiot d’un problème tel que des malformations anatomiques internes, une fausse déglutition, une pneumonie, une perforation gastrique ou un phénomène septicémique. Souvent, des analyses de laboratoire sur différents organes doivent compléter l’autopsie pour mieux cerner la cause du décès. 
Néanmoins, il faut savoir que le cadavre des nouveau-nés se décompose rapidement. Cela signifie que si l’on veut rechercher une cause infectieuse ayant provoqué la mort du chiot, il faut réaliser les analyses sur son cadavre le plus vite possible sinon on trouvera tout un ensemble de germes de contamination qui se sont développés après la mort et qui fausseront le résultat de l’analyse.

2. Des délais brefs
Lorsque l’autopsie doit être pratiquée dans un centre spécialisé (Laboratoire des Directions des Services Vétérinaires Départementaux, École Vétérinaire, …), il convient de s’assurer qu’elle pourra être réalisée dans les meilleurs délais. Il faudra ainsi toujours passer un coup de téléphone au préalable, et ne jamais amener ou expédier un cadavre sans être certain qu’il y ait quelqu’un pour réceptionner le cadavre et pratiquer les examens nécessaires. 
Le cadavre sera acheminé le plus rapidement possible, dans un colis réfrigéré (on peut utiliser un emballage alimentaire en polystyrène et placer à côté du cadavre des blocs réfrigérants). Bien que les services de messageries postales rapides (type Chronopost®) garantissent un acheminement en 24 heures, il est souvent interdit d’avoir recours à leurs services pour ce type de transport.
Lorsque le décès survient avant un week-end ou un jour férié, et que donc les analyses ont peu de chances d’être effectuées dans des délais brefs, le cadavre pourra être conservé au réfrigérateur : le cadavre sera emballé dans un film en plastique ou en aluminium afin de limiter les contaminations extérieures. La congélation sera évitée autant que possible : en effet, la congélation puis la décongélation détruisent une grande quantité de germes et diminuent les chances de retrouver l’agent pathogène responsable, sans compter que l’aspect des lésions est très souvent profondément modifié.
Plutôt que d’adresser le cadavre entier au centre d’autopsie, il peut être utile de passer par le vétérinaire habituel de l’élevage, mais celui-ci est souvent réticent à pratiquer des autopsies de chiots, par manque de temps ou parce qu’il n’en a pas l’habitude. Dans ce cas, l’autopsie pourra être réalisée sur place, par le vétérinaire traitant habituel, éventuellement guidé par un service d’aide au diagnostic : selon notre propre expérience, il s’agit actuellement de la méthode qui donne les meilleurs résultats pour le moins de risques et un coût minimal.

3. Ne pas oublier la mère
En cas de mortalités à répétition sur des chiots en bas âge, on a naturellement tendance à se focaliser sur l’autopsie des cadavres. En fait, il est parfois utile de réaliser des prélèvements biologiques chez la mère.
Ainsi, suivant les cas le vétérinaire pourra pratiquer un prélèvement stérile de lait (ponction stérile de la mamelle) ou un écouvillonnage stérile du fond du vagin pour effectuer une recherche bactériologique. Il pourra également, lorsqu’il suspecte un problème viral, réaliser une ou deux prises de sang à 15 jours ou 3 semaines d’intervalle afin de faire réaliser des analyses sérologiques. 
Cette conduite permet parfois de retrouver la trace d’un même agent pathogène chez les chiots morts et chez la mère. Dans de telles conditions, le diagnostic de la cause du décès des chiots n’en est que plus évident.

Conclusion : 
La plupart des éleveurs canins ont été confrontés un jour ou l’autre au décès de chiots nouveau-nés, dans les heures ou les jours qui suivent la naissance. Lorsque ces cas restent limités, l’éleveur, bien que dépité, n’entreprend en général aucune recherche complémentaire pour déterminer la cause exacte du décès. En effet, il y a dans toutes les espèces animales un taux de mortalité non négligeable dans les premiers jours de vie et, de ce fait, avoir de temps en temps un chiot qui décède dans une portée n’est pas le signe d’un problème infectieux grave dans l’élevage.
Les choses deviennent plus ennuyeuses lorsque des mortalités de nouveau-nés surviennent en série dans l’élevage. Dans ce cas, soit les chiots d’une même portée décèdent chacun à leur tour, soit des mortalités se produisent dans plusieurs portées successives. L’éleveur est alors légitimement inquiet et se met à redouter que son élevage soit touché par un problème infectieux risquant de causer d’autres pertes sur les portées à venir.
La pathologie périnatale est cependant encore mal maîtrisée, même si des progrès considérables ont été réalisés au cours des dernières années. Beaucoup de recherches restent à faire pour répondre à la demande d’une clientèle de cynophiles de plus en plus nombreux. Les résultats positifs viendront de la collaboration étroite et systématique entre éleveurs canins, vétérinaires praticiens, et laboratoires de recherche vétérinaire.
Enfin, l’ensemble de ces considérations doit bien évidemment aboutir à un compromis entre le confort du chien, celui de l’éleveur, le respect des règles d’hygiène et des impératifs commerciaux. Il semble ainsi illusoire d’espérer que chaque visiteur passe dans un sas de décontamination ; de même, des chiots élevés trop longtemps à l’abri de tout risque sanitaire risquent fort d’être mal socialisés par manque de manipulation. Face à cet ensemble de contraintes sanitaires et techniques, l’éleveur devra, avec l’aide de son vétérinaire, s’astreindre à un raisonnement à la fois zootechnique et bio-économique.

 

Dr. Vét. Samuel BUFF-CERREC

 Centre d’Étude et de Recherche en Reproduction et Élevage des Carnivores
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